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ajoute que quoique la belle Marie fût âgée de près de cinquante ans, elle pouvait encore espérer de donner un héritier à l’empire. Constantin prêta l’oreille à cet avis, que son ambassadeur lui fit passer par le premier vaisseau qui partit de Trébisonde ; mais les factions de la cour s’opposèrent à ce mariage, et la sultane le rendit impossible en consacrant pieusement le reste de sa vie à la profession monastique. Réduit à la première alternative, Phranza donna la préférence à la princesse de Géorgie, et son père, ébloui d’une alliance si glorieuse, renonça non-seulement à demander, selon la coutume nationale, un prix pour sa fille, mais offrit de plus une dot de cinquante-six mille ducats et cinq mille de pension annuelle[1]. Il assura l’ambassadeur que ses soins ne resteraient pas sans récompense, et que comme l’empereur avait adopté son fils au baptême, la future impératrice de Constantinople se chargerait de l’établissement de sa fille. À l’arrivée de Phranza, Constantin ratifia le traité, imprima de sa main trois croix rouges sur la bulle d’or qui en était le garant, et assura l’envoyé de Géorgie qu’au commencement du printemps ses galères iraient chercher la princesse. Après avoir terminé cette affaire, l’empereur prit à part le fidèle Phranza, et l’embrassant, non pas avec la froide approbation d’un souverain, mais comme un ami pressé de répandre dans le

  1. Le lecteur instruit se rappellera les offres d’Agamemnon (Iliade, I-V, 144) et l’usage général de l’antiquité.