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Ambassades de Phranza. A. D. 1450-1452.

Phranza, protovestiaire ou grand chambellan, partit de Constantinople chargé des pouvoirs de l’empereur, et le reste des richesses et du luxe de l’empire fut employé à l’environner de la pompe convenable. Sa nombreuse suite était composée de nobles, de gardes, de moines et de médecins ; on y joignit une troupe de musiciens ; et cette ambassade dispendieuse fut prolongée durant plus de deux ans. À son arrivée en Géorgie ou Ibérie, les habitans des villes et des villages s’attroupèrent autour des étrangers ; et telle était leur simplicité, qu’ils prenaient le plus grand plaisir à entendre des sons harmonieux sans savoir ce qui les produisait. Dans la foule se trouvait un vieillard âgé de plus de cent ans, qui avait été emmené en captivité par les Barbares[1], et amusait ses auditeurs du récit des merveilles de l’Inde[2], d’où il était retourné en Portugal par une mer inconnue[3]. De cette terre hospitalière, Phranza conti-

  1. En supposant qu’il ait été pris en 1394, lorsque Timour fit sa première invasion en Géorgie (Sherefeddin, l. III, c. 50), il est possible qu’il ait suivi son maître Tartare, dans l’Indoustan en 1398, et qu’il se soit embarqué de là pour les îles aux épices.
  2. Les heureux et vertueux Indiens vivaient au-delà de cent cinquante ans, et jouissaient des plus parfaites productions du règne végétal et du règne minéral ; les animaux étaient d’une taille colossale, des dragons de soixante-dix coudées, des fourmis longues de neuf pouces (formica indica), des moutons comme des éléphans, des éléphans comme des moutons. Quid libet audendi ? etc.
  3. Il s’embarqua dans un vaisseau des îles aux épices,