Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il acquit une renommée brillante ; sa fortune s’augmenta par une noble et riche alliance, et en défendant les frontières de la Hongrie, il remporta dans la même année trois victoires sur les Ottomans. Ce fut par son crédit que Ladislas de Pologne obtint la couronne de Hongrie ; le titre et l’office de waivode de Transylvanie furent la récompense de ce service important. La première croisade de Julien ajouta deux lauriers à la couronne militaire d’Huniades ; dans la détresse générale on oublia la fatale erreur de Warna, et durant l’absence et la minorité de Ladislas d’Autriche, roi titulaire, Huniades fut nommé général et gouverneur de la Hongrie ; dans les premiers momens, ce fut la crainte qui imposa silence à l’envie ; un règne de douze ans annonce qu’il unissait les talens du politique à ceux du guerrier. Cependant l’examen de ses exploits ne présente point l’idée d’un général consommé. Le chevalier Blanc combattit moins de la tête que du bras, et comme chef d’une horde de Barbares indisciplinés qui attaquent sans crainte et fuient sans honte. Sa vie militaire est composée d’une alternative romanesque de victoires et de revers. Les Turcs, qui se servaient de son nom pour effrayer les enfans indociles, rappelaient par corruption jancus laïn ou le maudit ; cette haine est une preuve de leur estime. Ils ne pu-

    Valeigne (Valachia). Chalcocondyles et les Annales turques de Leunclavius osent mettre en doute sa fidélité et sa valeur.