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avons vu dans l’ambassade de Hongrie les funestes effets de ses sophismes et de son éloquence ; il en fut la première victime. Le cardinal, qui faisait à la fois le métier de prêtre et celui de soldat, périt dans la déroute de Warna. On raconte les circonstances de sa mort de plusieurs manières ; mais on croit assez généralement que l’or, dont il était chargé, retarda sa fuite et tenta la barbare rapacité de quelques-uns des fuyards chrétiens.

Jean Corvin Huniades.

D’une origine obscure ou au moins douteuse, Huniades s’était élevé par son mérite au commandement des armées de Hongrie. Son père était Valaque, et sa mère Grecque. Il est possible que sa race inconnue remontât aux empereurs de Constantinople. Les prétentions des Valaques et le surnom de Corvinus, du lieu où il avait pris naissance, pourraient fournir des prétextes pour lui supposer quelque consanguinité avec les patriciens de l’ancienne Rome[1]. Dans sa jeunesse, il fit les guerres d’Italie, et fut retenu avec douze cavaliers par l’évêque de Zagrad. Sous le nom du chevalier Blanc[2],

  1. Voy. Bonfinius (Décad. III, l. IV, p. 423). Comment les Italiens pouvaient-ils prononcer sans honte, ou le roi de Hongrie entendre sans rougir la flatterie ridicule qui confondait le nom d’un village de Valachie avec le surnom glorieux, mais accidentel, d’une branche de la famille Valérienne de l’ancienne Rome ?
  2. Philippe de Comines (Mém., l. VI, c. 13) le cite sur l’autorité de la tradition du temps, et en fait le plus brillant éloge sous le nom singulier du chevalier Blanc de