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monument de la grandeur de leurs pères, leur résolution mériterait des éloges. Au milieu du seizième siècle, époque de goût et d’érudition, le Colisée se trouvait endommagé dans l’intérieur, mais la circonférence extérieure de seize cent douze pieds était entière : on y voyait trois rangs, chacun de quatre-vingts arcades, s’élever à cent huit pieds. C’est aux neveux de Paul III qu’il faut imputer l’état de ruine où il se trouve maintenant, et tous les voyageurs qui vont examiner le palais Farnèse, doivent maudire le sacrilége et le luxe de ces princes parvenus[1]. [Et consécration du Colisée.]On fait le même reproche aux Barberins ; et sous chaque règne on eut à craindre les mêmes attentats, jusqu’au moment où il fut mis sous la sauvegarde de la religion par Benoît XIV, le plus éclairé des pontifes, qui lui consacra un lieu que la persécution et la fable ont honoré de la mort d’un si grand nombre de martyrs[2].

  1. Après avoir mesuré le priscus amphitheatri gyrus, Montfaucon (p. 142) se contente d’ajouter qu’il était entier sous Paul III ; tacendo clamat. Muratori (Ann. d’Ital., t. XIV, p. 372) s’énonce avec plus de liberté sur l’attentat du pape Farnèse et l’indignation du peuple romain. Je n’ai contre les neveux d’Urbain VIII d’autres preuves que ce dicton populaire : Quod non fecerent Barbari, fecêre Barbarini, que la ressemblance des mots a peut-être seule suggérée.
  2. En qualité d’antiquaire et de prêtre, Montfaucon réprouve ainsi la ruine du Colisée : Quod si non suopte merito atque pulchritudine dignum fuisset quod improbas arceret manus, indigna res utique in locum tot martyrum cruore sacrum tantopere sævitum esse.