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ficulté qu’on trouve à l’exporter au dehors, selon la nature de la chose, sa situation locale et les conjonctures passagères de ce monde. Les Barbares qui se rendirent maîtres de Rome, usurpèrent en un moment le travail et les trésors de plusieurs générations ; mais, excepté les choses d’une consommation immédiate, ils durent voir, sans aucune convoitise, toutes celles qu’on ne pouvait transporter sur les chariots des Goths ou sur les navires des Vandales[1]. L’or et l’argent furent les principaux objets de leur avidité, parce que dans chaque pays et sous le moindre volume, ils procurent la quantité la plus considérable du travail et de la propriété des autres. La vanité d’un chef barbare put mettre du prix à un vase ou à une statue de ces métaux précieux ; mais la multitude, plus grossière, ne s’attachait qu’à la substance, sans s’occuper de la forme ; et le métal fondu en lingots, fut sans doute promptement converti en monnaies au coin de l’empire. Les pillards les moins actifs et les moins heureux furent réduits à l’enlèvement de l’airain, du plomb, du fer et du cuivre : les

  1. Flaminius Vacca (ap. Montfaucon, p. 155, 156 ; son Mémoire se trouve aussi p. 21, à la fin de la Roma antica de Nardini) et plusieurs Romains, doctrinâ graves, étaient persuadés que les Goths avaient enterré à Rome leurs trésors, dont ils révélaient le lieu en mourant, filiis nepotibusque. Vacca raconte quelques anecdotes pour prouver que des pèlerins d’au-delà des Alpes, héritiers des conquérans Goths, venaient de son temps fouiller et piller Rome et les environs.