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je me bornerai donc à deux observations qui nous conduiront à examiner brièvement et en général les causes et les effets de ce dépérissement. 1o. Deux siècles avant la complainte éloquente du Pogge, un auteur anonyme avait publié une description de Rome[1]. Son ignorance peut nous avoir désigné les mêmes objets aperçus par le Pogge, sous des noms bizarres ou fabuleux : toutefois ce topographe barbare avait des yeux et des oreilles ; il était en état d’observer les restes d’antiquités qui subsistaient encore, et d’écouter les traditions du peuple. Il indique d’une manière très-distincte sept théâtres, onze bains, douze arcs de triomphe et dix-huit palais, dont plusieurs avaient disparu avant le temps où écrivait le Pogge. Il paraît que plusieurs des solides monumens de l’antiquité ont subsisté long-temps[2],

  1. Liber de mirabilibus Romæ, ex registro Nicolai cardinalis de Aragonia, in Bibliotheca sancti Isidori armario IV, no 69. Montfaucon (Diarium italicum, p. 283-301) a publié ce traité avec quelques notes fort courtes, mais très-judicieuses. Il en parle ainsi : Scriptor XII circiter sæculi, ut ibidem notatur ; antiquariæ rei imperitus, et, ut ab illo Ævo, magis et anilibus fabellis refertus : sed, quia monumenta quæ iis temporibus Romæ supererant pro modulo recenset, non parum inde lucis mutuabitur qui romanis antiquitatibus indagandis operam navabit (p. 283).
  2. Le P. Mabillon (Analecta, t. IV, p. 503) a publié la relation d’un pèlerin anonyme du neuvième siècle, qui, en décrivant les églises et les saints lieux de Rome, indique plusieurs édifices, et surtout des portiques, qui avaient disparu avant le treizième siècle.