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cette sévère leçon, les pontifes resserrèrent leur ambition qui fut alors presque satisfaite : ils reprirent le rôle paternel qui leur convient, et ne firent plus de guerre offensive, si l’on en excepte une querelle inconsidérée où le vicaire de Jésus-Christ et le sultan des Turcs s’armèrent en même temps contre le royaume de Naples[1]. Les Français et les Allemands se retirèrent à la fin du champ de bataille ; les Espagnols étaient bien affermis dans la possession de Milan, de Naples, de la Sicile, de la Sardaigne et des côtes de la Toscane, et il fut de leur intérêt de maintenir la paix et la dépendance de l’Italie, qui ont duré presque sans troubles depuis le milieu du seizième siècle jusqu’au commencement de celui-ci. La politique religieuse de la cour d’Espagne dominait et protégeait le Vatican ; les préjugés et l’intérêt du roi catholique le disposaient dans toutes les occasions à soutenir le prince contre le peuple ; et au lieu des encouragemens, des secours et du refuge que les amis de la liberté et les ennemis des lois avaient

    Quint, anticipation que je me suis permise sans scrupule, ainsi que celle des conquêtes des Tartares, ayant alors peu d’espoir d’achever cet ouvrage.

  1. Le détail des faibles hostilités auxquelles l’ambition porta le pape Paul IV de la maison des Caraffes, se trouve dans le président de Thou (l. XVI, XVIII) et Giannone (t. IV, p. 149-163). Deux bigots catholiques, Philippe II et le duc d’Albe, osèrent séparer le prince romain du vicaire de Jésus-Christ. Cependant, le caractère sacré qui aurait sanctifié sa victoire, fut décemment employé à le protéger dans sa défaite.