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voulu se joindre aux cris de victoire des Ursins[1] ; mais les papes, sûrs d’être assez forts pour commander l’obéissance de leurs sujets toutes les fois qu’ils seraient assez fermes pour la réclamer, ne tremblèrent plus au Vatican, et les étrangers qui remarquaient ces désordres particuliers, admiraient néanmoins la modération des impôts et la sage administration de l’état ecclésiastique[2].

Les papes acquièrent un empire absolu. A. D. 1500, etc.

Les foudres spirituelles du Vatican dépendent de la force que leur prête l’opinion : si cette opinion fait place à la raison ou à la passion, leur vain bruit peut s’évaporer dans les airs ; et le prêtre sans appui se trouve exposé à la violence brutale du moindre adversaire ou noble ou plébéien. Mais lorsque les papes eurent quitté le séjour d’Avignon, le glaive de saint Paul garda les clefs de saint Pierre. Rome

  1. Les désordres de Rome, qui furent extrêmement envenimés par la partialité de Sixte IV, sont exposés dans les journaux d’Étienne Infessura et d’un citoyen anonyme qui en furent les témoins. Voyez les troubles de l’année 1484 et la mort du protonotaire Colonne (in tome III, part. II, p. 1083-1158).
  2. « Est toute la terre de l’Église troublée pour cette partialité (des Colonne et des Ursins), comme nous dirions Luce et Grammont, ou en Hollande Houc et Caballan ; et quand ce ne serait ce différend, la terre de l’Église serait la plus heureuse habitation pour les sujets, qui soit dans tout le monde (car ils ne payent ni tailles ni guères autres choses), et seraient toujours bien conduits (car toujours les papes sont sages et bien conseillés) ; mais très-souvent en advient de grands et cruels meurtres et pilleries. »