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porel et spirituel, a toujours affecté de conserver les formes d’une république.

Conspiration de Porcaro. A. D. 1453, janv. 9.

C’est une vérité triviale, que les caractères extraordinaires doivent trouver des occasions qui leur soient favorables, et que le génie de Cromwell ou de Retz pourrait expirer maintenant dans l’obscurité. Ce fanatisme de liberté qui porta Rienzi sur un trône, conduisit au gibet, un siècle après, Porcaro son imitateur. Étienne Porcaro était d’une noble extraction, et d’une réputation sans tache ; sa langue était armée d’éloquence et son esprit était éclairé par l’instruction ; s’élevant au-dessus d’une ambition vulgaire, il voulut rendre la liberté à sa patrie et immortaliser son nom. La domination des prêtres est de toutes la plus odieuse à un esprit doué d’idées libérales. On était de reconnaître la fausseté de la prétendue donation de Constantin, et cette découverte écartait tout scrupule ; Pétrarque était l’oracle des Italiens ; et toutes les fois que Porcaro repassait dans sa mémoire l’ode qui peint le patriote et le héros de Rome, il s’appliquait les visions prophétiques du poète. Ce fut aux funérailles d’Eugène IV qu’il fit son premier essai des dispositions du peuple : il prononça un discours soigné par lequel il appelait les Romains à la liberté et aux armes ; ils paraissaient l’écouter avec plaisir, lorsqu’un grave personnage prit la défense de l’Église et de l’état. La loi déclarait coupable de haute trahison un orateur séditieux ; mais le nouveau pontife, par compassion et par estime pour Porcaro, se chargea de l’honorable soin de le rame-