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tion à l’élection du souverain de Rome et du chef de l’Église. Dans cette grande occasion, on ajouta aux vingt-trois cardinaux qui formaient le sacré collége, trente députés tirés en nombre égal des cinq grandes nations de la chrétienté, l’italienne, l’allemande, la française, l’espagnole et l’anglaise[1]. Cette inter-

  1. Je ne puis passer sous silence ce grand procès national, qui fut soutenu fortement par les ambassadeurs d’Angleterre contre ceux de France. Les derniers prétendaient que la chrétienté était essentiellement divisée en quatre grandes nations ; qu’il n’y avait que les quatre voix de l’Italie, de l’Allemagne, de la France et de l’Espagne ; et que les royaumes moins étendus (tels que l’Angleterre, le Danemarck, le Portugal, etc.) se trouvaient compris sous l’une ou l’autre de ces divisions générales. Les Anglais disaient de leur côté que les îles britanniques dont ils formaient la principale, devaient être regardées comme une cinquième nation et une cinquième voix ; ils recoururent à tous les argumens que leur fournirent la vérité et la fable pour relever l’éclat de leur pays. En comprenant dans les îles britanniques, l’Angleterre, l’Écosse, le pays de Galles, les quatre royaumes d’Irlande et les Orcades, ils les décorèrent de huit couronnes royales, distinguées en quatre ou cinq langues, l’anglais, le gallois, le dialecte du comté de Cornouailles, l’écossais, l’irlandais, etc. ; ils assurèrent que la plus grande de ces îles avait, du nord au sud, huit cents milles ou quarante journées de chemin ; que l’Angleterre seule contenait trente-deux comtés ou cinquante-deux mille paroisses (assertion un peu hardie), outre les cathédrales, les colléges, les prieurés et les hôpitaux. Ils alléguèrent la mission de saint Joseph d’Arimathie, la naissance de Constantin, la légation de deux primats, etc., sans oublier le témoignage de Barthélemy de Glanville (A. D. 1360), qui