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titulaire d’Alexandrie, de deux archevêques, de cinq évêques, de cinq abbés, de trois chevaliers et de vingt docteurs, se rendit à la cour d’Avignon et à celle de Rome : elle y demanda, au nom de l’Église et du roi, l’abdication des deux papes, de Pierre de Luna, qu’on nommait Benoît XIII, et d’Angelo Corrario, qu’on appelait Grégoire XII. Pour l’honneur de Rome et le succès de leur commission, les ambassadeurs demandèrent une conférence avec les magistrats de la ville : ils déclarèrent d’une manière positive que le roi très-chrétien ne voulait point tirer le saint siége du Vatican, qui était à ses yeux la résidence convenable au successeur de saint Pierre. Un orateur éloquent répondit au nom du sénat et du peuple, que les Romains désiraient concourir à la réunion de l’Église ; il déplora les maux temporels et spirituels d’un si long schisme, et réclama la protection de la France contre les armes du roi de Naples. Les réponses de Benoît et de Grégoire furent également édifiantes et trompeuses ; et les deux rivaux, pour éluder leur abdication, se montrèrent animés du même esprit. Ils convinrent de la nécessité d’une entrevue préliminaire, mais ils ne purent jamais s’accorder sur le temps, le lieu et la forme de cette entrevue. « Si l’un avance, disait un serviteur de Grégoire, l’autre recule ; l’un semble être un animal qui craint la terre, et l’autre une créature qui craint l’eau. Ainsi, deux vieux prêtres, pour quelques instans de vie et de pouvoir qui peuvent leur