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rêt, détermina la cour et le clergé de France[1]. La Savoie, la Sicile, l’île de Chypre, l’Aragon, la Castille, la Navarre et l’Écosse, entraînés par cet exemple, se rangèrent du parti du Clément VII, et après sa mort, de celui de Benoît XIII. Rome et les principaux états de l’Italie, l’Allemagne, le Portugal, l’Angleterre[2], les Pays-Bas et les royaumes du Nord adhérèrent à l’élection d’Urbain VI, qui eut Boniface IX, Innocent VII et Grégoire XII pour successeurs.

Grand schisme d’Occident. A. D. 1378-1418.

Des bords du Tibre et des rives du Rhône, les deux papes se combattirent avec la plume et avec l’épée : l’ordre de la société fut troublé sous les rapports, tant civils qu’ecclésiastiques, et les Romains souffrirent une bonne partie de ces maux, dont on pouvait les accuser d’être les premiers auteurs[3].

    bornent à douter et à tolérer (Baluze, in Prefat.). Il est singulier, ou plutôt il ne faut pas s’étonner que les deux partis aient eu des saints, des visions et des miracles.

  1. Baluze s’efforce (Not., p. 1271-1280) de justifier la pureté et la piété des motifs de Charles V, roi de France : ce prince refusa d’écouter les raisons d’Urbain ; mais les partisans d’Urbain ne refusèrent-ils pas aussi d’écouter les raisons du parti de Clément ? etc.
  2. Une épître ou une déclamation donnée sous le nom d’Édouard III (Baluze, Vit. papar. Avenion., t. I, p. 553), montre bien le zèle de la nation anglaise contre ceux qui tenaient le parti de Clément. Ce zèle ne se borna point à des paroles. L’évêque de Norwich débarqua sur le continent à la tête de soixante mille fanatiques. (Hume, History, vol. III, p. 57, 58.)
  3. Outre ce qu’on lit dans les historiens généraux, les