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élection, [Élection de Clément VII, sept. 21.]ils choisirent Robert de Genève, qui prit le nom de Clément VII, et l’annoncèrent aux nations pour le légitime vicaire de Jésus-Christ. Ils représentèrent leur premier choix comme forcé et illégal, et nul de droit, ayant été dicté par les menaces des Romains et la crainte de la mort. Des faits et des vraisemblances paraissent justifier cette plainte. Les douze cardinaux français formant plus des deux tiers des suffrages, se trouvaient maîtres de l’élection ; et quelles que fussent leurs jalousies intestines, on ne peut guère présumer qu’ils eussent sacrifié librement leurs droits et leurs intérêts à un étranger qui les éloignait pour jamais de leur patrie. Les récits divers et même contradictoires des contemporains[1] confirment plus ou moins le soupçon d’une violence populaire. Les Romains, naturellement portés à la sédition et à la licence, étaient encore excités par le sentiment de leurs droits, et la crainte d’une seconde émigration. Trente mille rebelles armés environnèrent, dit-on, le conclave et l’intimidèrent par leurs cris : les cloches du Capitole et de Saint-Pierre sonnèrent le tocsin : « La mort ou un

  1. M. Lenfant a abrégé et comparé dans le premier livre de l’Histoire du concile de Pise, les récits des partisans d’Urbain et de ceux de Clément, des Italiens et des Allemands, des Français et des Espagnols. Il paraît que les derniers se montrèrent les plus actifs et les plus verbeux dans cette querelle. Leur éditeur Baluze a donné dans ses Notes des preuves sur tous les faits et sur toutes les paroles rapportées dans les vies originales de Grégoire XI et de Clément VII.