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Aventures de Rienzi.

Après un exil de sept ans, le premier libérateur de Rome fut rendu à son pays ; il s’était sauvé du château Saint-Ange, sous un habit de moine ou de pèlerin, était allé implorer l’amitié du roi de Hongrie qui régnait alors à Naples, avait cherché à exciter l’ambition de tous les aventuriers courageux qu’il avait rencontrés ; il était revenu à Rome dans la foule des pèlerins du jubilé ; il s’était ensuite caché parmi les ermites de l’Apennin, et il avait erré dans les villes de l’Italie, de l’Allemagne et de la Bohême. On ne le voyait point, mais son nom inspirait encore la terreur, et l’inquiétude de la cour d’Avignon prouve son mérite personnel, et peut même lui en faire supposer un supérieur à la réalité. Un étranger, à qui Charles IV donnait audience, s’avoua franchement pour le tribun de la république ; il étonna une assemblée d’ambassadeurs et de princes par l’éloquence d’un patriote par les visions d’un prophète, par ce qu’il leur annonça de la chute des tyrans et du royaume du Saint-Michel[1] ; mais

    Thomas Fortifiocca (l. III, c. 1-4) racontent les troubles de Rome depuis le départ de Rienzi jusqu’à son retour. Je ne me suis pas arrêté sur Cerroni et Baroncelli, qui ne firent qu’imiter Rienzi leur modèle.

  1. Le zèle de Pollistore, l’inquisiteur dominicain (Rer. ital., t. XXV, c. 36, p. 819), a sûrement exagéré ces visions, qui ne furent connues ni des amis ni des ennemis de Rienzi. Si celui-ci eût dit que le règne du Christ avait été remplacé par celui du Saint-Esprit, que la tyrannie du pape devait être abolie, on aurait pu le convaincre du crime d’hérésie et de rebellion sans blesser le peuple romain.