Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Soutenus secrètement par un assez grand nombre de citoyens, ils entreprirent de pénétrer dans Rome, par force ou par surprise, à la tête de quatre mille fantassins et seize cents cavaliers. On gardait la ville avec soin, le tocsin sonna toute la nuit ; les portes furent alternativement gardées avec une grande vigilance et insolemment ouvertes ; mais après quelque hésitation ils crurent devoir se retirer. Les deux premières divisions s’éloignaient lorsque les nobles de l’arrière-garde, voyant une entrée libre, se laissèrent emporter à leur imprudente valeur. [Défaite et mort de Colonne. Nov. 20.]Après le succès d’une première escarmouche, ils furent accablés par le nombre et massacrés sans quartier. Là périt Étienne Colonne le jeune, de qui Pétrarque attendait la restauration de l’Italie. Avant lui tombèrent sous le fer de l’ennemi, Jean son fils, jeune homme qui donnait de grandes espérances, Pierre son frère, qui put regretter la tranquillité et les honneurs de l’Église, son neveu et deux bâtards de sa maison ; et le nombre de sept, les sept couronnes du Saint-Esprit, comme les appelait Rienzi, fut complété par les mortelles douleurs d’un père inconsolable, le vieux chef de la maison de Colonne, qui avait survécu aux espérances et à la fortune de sa famille. Le tribun, pour animer ses troupes, imagina une apparition et une prophétie de saint Martin et de Boniface VIII[1]. Il montra du moins dans la

  1. Rienzi, dans la lettre citée plus haut, attribue à saint Martin le tribun et à Boniface VIII, ennemi de la maison