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de renverser un pouvoir que la puissance publique ne soutenait plus avec la même force. L’animosité des Colonne et des Ursins fut suspendue pour un moment par leur commune disgrâce ; ils se réunirent par leurs vœux contre Rienzi, et concertèrent peut-être leurs projets. On saisit alors un meurtrier qui avait essayé d’attenter aux jours du tribun ; on le mit à la torture, il accusa les nobles. Dès l’instant où Rienzi mérita le sort d’un tyran, il en prit les soupçons et les maximes : le même jour, il attira au Capitole, sous différens prétextes, ses principaux ennemis, parmi lesquels on comptait cinq personnes de la famille des Ursins, et trois des Colonne ; mais au lieu de se trouver à un conseil ou à une fête, ils se virent retenus prisonniers sous le glaive du despotisme ou celui de la justice : innocens ou coupables, ils durent éprouver la même frayeur. Le son de la grosse cloche ayant rassemblé le peuple, ils furent accusés d’une conspiration contre la vie du tribun ; et, bien que quelques-uns pussent déplorer leur malheur, il ne s’éleva pas une main et pas une voix pour arracher les premières têtes de la noblesse au danger qui les menaçait. Le désespoir soutenait en eux l’apparence du courage ; ils passèrent dans des chambres séparées une nuit cruelle, et le vénérable héros des Colonne, Étienne, frappant à la porte de sa prison, conjura les sentinelles, à diverses reprises, de le délivrer par une prompte mort d’une servitude si honteuse. L’arrivée d’un confesseur et le tintement de la cloche les instruisirent de leur des-