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cule tradition, on croyait que Constantin avait été guéri de sa lèpre par le pape Sylvestre[1]. Il osa ensuite veiller ou plutôt reposer dans l’enceinte sacrée du baptistère ; et un accident ayant fait tomber son lit de parade, on en tira un présage de sa chute prochaine. Le lendemain, lorsque les fidèles se rassemblèrent pour les cérémonies du culte, il se montra à la foule dans une attitude majestueuse, avec une robe de pourpre, son épée et ses éperons d’or. Sa légèreté et son insolence interrompirent bientôt les saints mystères. Se levant de son trône et s’avançant vers l’assemblée, il dit à haute voix : « Nous sommons le pape Clément de se présenter à notre tribunal ; nous lui ordonnons de résider dans son diocèse de Rome ; nous sommons aussi devant nous le collége des cardinaux[2], ainsi que les deux prétendans, Charles de Bohême et Louis de Bavière,

  1. Tout le monde croyait alors à la lèpre et au bain de Constantin (Pétrarque, epist., Famil. VI, c. 2) ; et Rienzi, pour justifier sa conduite, observa à la cour d’Avignon qu’un chrétien dévot n’avait pu profaner un vase dont un païen s’était servi. Cependant ce crime est spécifié dans la bulle d’excommunication lancée contre le tribun. (Hocsemius, apud du Cerceau, p. 189, 190).
  2. Cette sommation verbale faite au pape Clément VI, et rapportée par Fortifiocca et un manuscrit du Vatican, est contestée par le biographe de Pétrarque (t. II, notes, p. 70-76), dont les argumens sont à cet égard plus convenables que convaincans. On ne doit pas s’étonner si la cour d’Avignon ne désira point traiter cette question délicate.