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par le ton, ni par le vêtement, ni par le maintien, d’un plébéien ordinaire[1], que lorsque, dans l’exercice de leurs fonctions, ils parcouraient la ville à pied, un seul viator ou sergent les accompagnait. Les Gracques auraient été indignés ou peut-être auraient-ils souri en voyant leur successeur se qualifier de sévère et miséricordieux, libérateur de rome, défenseur de l’italie[2], ami du genre humain, de la liberté, de la paix et de la justice ; tribun auguste. C’était au moyen d’un appareil de théâtre que Rienzi avait préparé la révolution ; mais ensuite, livré au luxe et à l’orgueil, il abusa de la maxime politique qui recommande de parler tout à la fois aux yeux et à l’esprit de la multitude. Il avait reçu de la nature tous les agrémens

  1. Plutarque, dans ses Questions romaines (Opusc., t. I, p. 505, édit. grecq., Her. Étienne), établit sur les principes les plus constitutionnels, le genre simple du pouvoir des tribuns, qui, à proprement parler, n’étaient pas des magistrats, mais des barrières opposées à la magistrature. Il était de leur devoir et de leur intérêt ομοιο‌υσβαι σχηματι, και σολη και διαιτη τοις εϖιτυγχανο‌υσι των πολι των… καταϖατεισδαι δει (mot de C. Curion) και μη σεμνον ειναι τη τον δημαρχον οψει… οσω δε μαλλον εκταϖεινο‌υται τω σωματι, τοσο‌υτω μαλλον αυξεται τη δυναμει, etc. Rienzi et Pétrarque lui-même n’étaient peut-être pas en état de lire un philosophe grec ; mais Tite-Live et Valère-Maxime, qu’ils étudiaient souvent, auraient pu leur inculquer cette modeste doctrine.
  2. On ne peut rendre en anglais (ni en français) ce titre énergique, mais barbare, de Zelator Italiæ que prenait Rienzi.