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ils traversaient les bois et les montagnes ; leur personne avait dans les contrées ennemies le caractère sacré des ambassadeurs ; soit flatterie ou vérité, ils rapportèrent à leur retour qu’ils avaient trouvé les grands chemins bordés d’une multitude à genoux, implorant le ciel pour le succès de leur voyage. Si les passions avaient pu écouter la raison, si l’intérêt public avait pu triompher de l’intérêt particulier, l’Italie confédérée et gouvernée par un tribunal suprême, se serait guérie des maux que lui causaient ses discordes intestines, et aurait fermé les Alpes aux Barbares du Nord. Mais l’époque favorable à cette réunion était passée ; et si Venise, Florence, Sienne, Pérouse et quelques villes inférieures offrirent au bon état la vie et la fortune de leurs sujets, les tyrans de la Lombardie et de la Toscane devaient mépriser ou délester le plébéien qui venait d’établir une constitution libre. Leur réponse cependant, ainsi que celle des autres cantons de l’Italie, était remplie de témoignages d’amitié et de considération pour le tribun : Rienzi reçut bientôt après les ambassadeurs des princes et des républiques ; et au milieu de ce concours d’étrangers et dans toutes les relations de plaisir ou d’affaires, ce notaire plébéien savait montrer la politesse ou familière ou majestueuse qui convient à un souverain[1]. L’époque la plus glo-

  1. Ainsi une ancienne connaissance d’Olivier Cromwell, qui se souvenait de l’avoir vu entrer à la chambre des communes d’un air si gauche et si ignoble, fut étonné de