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discours sur un texte de Virgile, et formé à trois reprises des vœux pour la prospérité de Rome, il s’agenouilla devant le trône, et le sénateur, en lui mettant une couronne de laurier sur la tête, l’accompagna de ce mot plus précieux : « C’est la récompense du mérite. » Le peuple s’écria, « Longue vie au Capitole et au poète ! » Pétrarque répondit par un sonnet à la gloire de Rome, effusion du génie et de la reconnaissance : le cortége se rendit au Vatican, et le poète déposa devant la châsse de saint Pierre la couronne profane qu’il venait d’obtenir. Le diplôme[1] qu’on offrit à Pétrarque, lui accordait le titre et les priviléges de poète lauréat qui ne subsistaient plus depuis treize siècles : on l’autorisait à porter à son choix une couronne de laurier, de lierre ou de myrthe, à prendre l’habit de poète, à enseigner, disputer, interpréter, composer dans tous les lieux et sur tous les sujets de littérature. Le sénat et le peuple ratifièrent cette grâce, et on y ajouta le caractère de citoyen de Rome, comme une récompense de son zèle pour la gloire de cette ville. Cette distinction était honorable, et il la méritait. Il avait puisé dans les écrits de Cicéron et de Tite-Live les idées de ces patriotes des beaux temps de la république ; son imagination ardente donnait à toutes les idées la chaleur du sentiment, et faisait de tout sentiment une passion. La vue des sept collines et de

  1. L’acte original est imprimé parmi les pièces justificatives des Mémoires sur Pétrarque, t. III, p. 50-53.