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fut acceptée. L’archevêque de Bordeaux, ennemi forcené de son roi et de son pays, fut le premier sur la liste. Mais son ambition était connue ; le roi de France avait été informé par un rapide messager que le choix du pape était entre ses mains. L’archevêque céda à la voix de sa conscience et à l’appât du présent qui lui était offert. Les conditions en furent réglées dans une entrevue particulière, et tels furent la célérité et le secret de la négociation, que le conclave applaudit d’une voix unanime à l’élection de l’archevêque de Bordeaux, qui prit le nom de Clément V[1]. Mais les cardinaux des deux partis reçurent bientôt avec une égale surprise l’ordre de le suivre au-delà des Alpes, et s’aperçurent promptement qu’ils ne devaient plus espérer de revenir à Rome. Clément V avait promis de résider en France, et ses goûts l’y portaient. Après avoir promené sa cour dans le Poitou et la Gascogne, après avoir ruiné par son séjour les villes et les couvens qui se trouvèrent sur sa route, il s’établit enfin à Avignon[2], qui a été plus de

  1. Voyez dans la Chronique de Jean Villani (l. VIII, c. 63, 64, 80, dans Muratori, t. XIII) l’emprisonnement de Boniface VIII et l’élection de Clément V. Les détails de cette élection, comme ceux de beaucoup d’anecdotes, ne sont pas clairs.
  2. Les Vies originales des huit papes d’Avignon, Clément V, Jean XXII, Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V, Grégoire XI et Clément VII, ont été publiées par Étienne Baluze (Vitæ paparum Avenionensium., Paris, 1693, 2 vol. in-4o), avec de longues notes bien travaillées