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de saint Pierre, et quelquefois possède à ce titre ; mais les barons ne reconnaissaient ni lois ni maîtres, et les villes imitaient trop fidèlement les révoltes et les discordes de la métropole. Les Romains des douzième et treizième siècles travaillèrent sans relâche à soumettre ou à détruire les vassaux rebelles de l’Église et du sénat, et si le pape modéra quelquefois leurs vues intéressées et la violence de leur ambition, il les encouragea souvent par le secours de ses armes spirituelles. Leurs petites guerres furent celles des premiers consuls et des premiers dictateurs qu’on tirait de la charrue. Ils se rassemblaient en armes au pied du Capitole ; ils sortaient de la ville, pillaient ou brûlaient la récolte de leurs voisins, livraient des combats tumultueux, et rentraient dans leurs murs après une expédition de quinze ou vingt jours. Les siéges étaient longs et mal conduits : ils se livraient, après la victoire, aux ignobles passions de la jalousie et de la vengeance, et au lieu de se fortifier du courage d’un ennemi vaincu, ils ne songeaient qu’à l’écraser. Les captifs sollicitaient leur pardon en chemise et la corde au cou : le vainqueur démolissait les remparts et même les maisons des cités rivales ; il dispersait les habitans dans les villages des environs. C’est ainsi que, dans ces féroces hostilités, furent successivement détruites les villes de Porto, d’Ostie, d’Albano, de Tusculum, de Preneste et de Tibur ou[1] Tivoli, résidences des cardinaux évêques.

  1. Ne a feritate Romanorum, sient fuerant Hostienses,