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de nos princes, avaient fait tomber dans l’oubli le sénat, cette noble institution, et nos forces ont diminué avec notre sagesse. Nous avons rétabli le sénat et l’ordre équestre ; l’un dévouera ses conseils et l’autre ses armes à votre personne et au service de l’empire. N’entendez-vous pas le langage de la cité de Rome ? Elle vous dit : Vous étiez mon hôte, je vous ai fait un de mes citoyens[1] ; vous étiez un étranger de par-delà les Alpes, et je vous ai choisi pour mon souverain ; je me suis donnée à vous ; je vous ai donné tout ce qui m’appartenait. Le premier, le plus sacré de vos devoirs, est de jurer, de signer que vous verserez votre sang pour la république, que vous y maintiendrez la paix et la justice, que vous observerez les lois de la ville et les chartres de vos prédécesseurs, et que pour récompenser les fidèles sénateurs qui vous proclameront au Capitole, vous leur payerez cinq mille livres d’argent. Enfin, avec le nom d’Auguste, prenez-en le caractère. » La fastueuse rhétorique des ambassadeurs n’était pas épuisée ; mais Frédéric, qu’impatientait leur vanité, les interrompit et prit avec eux le langage d’un roi et d’un conquérant. « La valeur et la sagesse des premiers Romains furent en effet célèbres, leur dit-il ; mais on ne retrouve pas cette sagesse dans votre harangue, et je voudrais que vos actions nous offrissent leur courage. Ainsi que toutes les choses de ce

  1. Hospes eras, civem feci. Advena fuisti ex Transalpinis partibus, principem constitui.