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que. Cependant il éprouva l’inconstance du peuple, qui reçut avec les mêmes acclamations son rival, l’infortuné Conradin, et la jalousie des papes fut alarmée de se voir dans le Capitole un si puissant vengeur. Il avait d’abord été revêtu, durant sa vie, de l’autorité de sénateur, mais on régla ensuite que ses pouvoirs seraient renouvelés tous les trois ans, et l’inimitié de Nicolas III obligea le roi de Sicile à abdiquer le gouvernement de Rome. Ce pontife impérieux fit valoir dans une bulle qui devint une loi perpétuelle, l’authenticité et la validité de la donation de Constantin, non moins essentielle à la paix de la ville qu’à l’indépendance de l’Église ; il établit que le sénateur serait élu tous les ans, et déclara incapables de remplir cet emploi les empereurs, les rois, les princes et toutes les personnes d’un rang trop éminent et trop illustre[1]. [Le pape Martin IV. A. D. 1281.]Martin IV, qui sollicita humblement les suffrages du peuple pour être nommé sénateur, révoqua les exclusions prononcées par la bulle de Nicolas III. Sous les yeux et en vertu de l’autorité du peuple, deux électeurs conférèrent, non pas au pape, mais au noble et fidèle Martin, la dignité de sénateur, l’administration suprême de la république[2] jusqu’à sa mort, avec le droit d’en

  1. L’arrogante bulle de Nicolas III, qui fonde sa souveraineté temporelle sur la donation de Constantin, subsiste toujours, et Boniface VIII l’ayant insérée dans la sixième des décrétales, les catholiques ou du moins les papistes doivent la révérer comme une loi perpétuelle et sacrée.
  2. Je dois à Fleury (Hist. ecclés., t. XVIII, p. 306) un