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Charles d’Anjou. A. D. 1263-1278.

Bientôt on reconnut que la raison et la vertu n’étaient pas une puissance suffisante ; au lieu d’un simple citoyen, auquel ils accordaient une obéissance volontaire, les Romains choisirent pour leur sénateur un prince qui, déjà revêtu d’un pouvoir indépendant, se trouvait en état de les défendre contre l’ennemi et contre eux-mêmes. Leurs suffrages tombèrent sur Charles d’Anjou, le prince le plus ambitieux et le plus guerrier de son siècle. Il accepta en même temps le royaume de Naples que lui offrait le pape, et l’office de sénateur, que lui donnait le peuple romain[1]. Marchant à la conquête de son royaume, il passa dans Rome ; il y reçut les sermens de fidélité ; il logea au palais de Latran, et durant ce premier séjour, il eut soin de ne pas laisser apercevoir les traits fortement prononcés de son caractère despoti-

    celeon : Caput vero ipsius Brancaleonis in vase pretioso super marmoream columnam collocatum, in signum sui valoris et probitatis, quasi reliquias, superstitiose nimis et pompose sustulerunt. Fuerat enim superborum potentum et malefactorum urbis malleus et exstirpator, et populi protector et defensor, veritatis et justitiæ imitator et amator (p. 840). Un biographe d’Innocent IV (Muratori, Script., t. III, part. I, p. 591, 592) fait un portrait moins favorable de ce sénateur gibelin.

  1. Les historiens dont Muratori a inséré les ouvrages dans le huitième volume de sa Collection, Nicolas de Jamsilla (p. 592), le moine de Padoue (p. 724), Sabas Malespini (l. II, c. 9, p. 808), et Ricordano Malespini (c. 177, p. 999), parlent de la nomination de Charles d’Anjou à l’office de sénateur perpétuel de Rome.