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rendre sa beauté, d’y établir leur arsenal, et d’y tenir leur conseil, et sans doute ils ne pouvaient y monter sans que les cœurs les plus froids ne s’enflammassent au souvenir de leurs ancêtres. [La monnaie.]2o. Les premiers Césars avaient le droit exclusif de fabriquer les monnaies d’or et d’argent ; ils abandonnèrent au sénat celui de fabriquer les monnaies de bronze et de cuivre[1]. Un champ plus vaste fut ouvert aux emblèmes et aux légendes prodiguées par l’espoir de flatterie, et le prince put se dispenser du soin de célébrer ses propres vertus. Les successeurs de Dioclétien ne mirent pas même d’intérêt à l’adulation du sénat ; leurs officiers reprirent à Rome et dans les provinces la direction de toutes les monnaies, et les Goths qui régnèrent en Italie, ainsi que les dynasties grecques, françaises et allemandes, héritèrent de cette prérogative. Le sénat de Rome revendiqua au douzième siècle ce droit honorable et lucratif de fabriquer les monnaies, perdu depuis huit cents ans ; droit auquel les papes semblaient avoir renoncé depuis que Pascal II avait établi leur résidence au-delà des Alpes. On montre dans les cabinets des curieux quelques-unes de ces médailles du douzième ou treizième siècle frappées par la république de Rome. On en voit une en or, sur laquelle Jésus-Christ est repré-

  1. Ce partage des monnaies entre l’empereur et le sénat n’est pas cependant un fait positif, mais l’opinion vraisemblable des meilleurs antiquaires. (Voyez la Science des Médailles, du père Joubert, t. II, p. 208-211. Dans l’édition perfectionnée et rare du baron de La Bastie.)