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blique était devenue inutile, et on ne la connaissait pas. Les nations et les familles de l’Italie qui obéissaient aux lois de la ville de Rome et aux lois barbares, avaient insensiblement formé une masse commune, où une faible tradition et des fragmens imparfaits conservaient le souvenir des Pandectes de Justinien. Les Romains auraient sans doute rétabli, avec leur liberté, le titre et les fonctions de consuls, s’ils n’avaient pas dédaigné un titre si prodigué par les villes d’Italie, qu’à la fin il n’a plus désigné que les agens du commerce en pays étranger. Mais les droits de tribuns, ce mot redoutable qui arrêtait les conseils publics, supposent ou doivent produire une démocratie autorisée par les lois. Les anciennes familles patriciennes étaient sujettes de l’état, les barons modernes en étaient les tyrans ; et les ennemis de la paix et de la tranquillité publique, qui insultaient le vicaire de Jésus-Christ, n’auraient pas respecté long-temps le caractère d’un magistrat plébéien sans armes[1].

Le Capitole.

Nous devons remarquer dans le cours du douzième siècle, qui fut pour Rome une ère nouvelle et l’é-

  1. Gunther expose ainsi le plan démocratique qu’avait formé Arnaud de Brescia :

    Quin etiam titulos urbis renovare vetustos ;
    Nomini plebeio secernere nomen equestre,
    Jura tribunorum sanctum reparare senatum,
    Et senio fessas mutasque reponere leges.
    Lapsa ruinosis et adhuc pendentia muris
    Reddere primævo Capitolia prisca nitori.

    Mais quelques-unes de ces réformes étaient des chimères, et d’autres n’étaient que des mots.