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sur les rois et les nations embrassait plus particulièrement encore la ville et le diocèse du prince des apôtres. Mais personne ne les écoutait, et le même principe qui atténuait l’action des foudres du Vatican devait en tempérer l’abus.

Rétablissement du sénat. A. D. 1144.

L’amour de la liberté a fait croire que dès le dixième siècle, dans leurs premières luttes avec les Othon, le sénat et le peuple de Rome avaient rétabli la république ; que tous les ans on choisissait deux consuls parmi les nobles, et que dix à douze magistrats plébéiens faisaient revivre le nom et les fonctions des tribuns du peuple[1]. Mais cet imposant édifice disparaît au flambeau de la critique. Au milieu des ténèbres du moyen âge, on découvre quelquefois les titres de sénateur, de consul ou de fils de consul[2] ;

  1. Ducange (Gloss. latin. med. et infim. ætat. Decarchones, t. II, p. 726) rapporte ce passage d’après Blondus (Décad. II, l. 2) : Duo consules ex nobilitate quotannis fiebant, qui ad vetustum consulum exemplar, summæ rerum præessent ; et Sigonius (De regno Italiæ, l. VI, opp. t. II, p. 400) parle des consuls et des tribuns du dixième siècle. Blondus et même Sigonius ont trop suivi la méthode classique de suppléer, par la raison ou l’imagination, à ce qui manquait aux monumens.
  2. Il est question dans le Panégyrique de Berenger (Muratori, Script. rer. ital., t. II, part. I, p. 408) d’un Romain consulis natus, au commencement du dixième siècle. Muratori (Dissert. 5) a découvert dans les années 962 et 956 un Gratianus in Dei nomine consul et dux et un Georgius consul et dux ; et en 1015, Romanus, frère de Grégoire VIII, se qualifiait orgueilleusement, mais d’une