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avons composé une foi nouvelle ; nous avons changé la piété pour l’impiété ; nous avons renoncé à l’immaculé sacrifice, nous sommes devenus azymites. » On appelait azymites ceux qui communiaient avec du pain azyme ou sans levain ; et ceci pourrait me forcer à rétracter ou à expliquer l’éloge que j’ai fait plus haut de la philosophie renaissante. « Hélas, continuaient-ils, nous avons succombé à la misère, on nous a séduits par la fraude, par les craintes et les espérances d’une vie transitoire. Nous méritons qu’on abatte la main qui a scellé notre crime, qu’on arrache la langue qui a prononcé le symbole des Latins. » Ils prouvèrent la sincérité de leur repentir par un accroissement de zèle pour les plus minutieuses cérémonies, pour les dogmes les plus incompréhensibles. Ils se séquestrèrent et n’eurent de communication avec personne, pas même avec l’empereur, dont la conduite fut un peu plus décente et plus raisonnable. Après la mort du patriarche Joseph, les archevêques d’Héraclée et de Trébisonde eurent le courage de refuser le poste qu’il laissait vacant : et le cardinal Bessarion préféra l’asile utile et commode que lui offrait le Vatican. Il ne restait à élire à l’empereur et à son clergé que Métrophanes de Cyzique, qui fut sacré dans l’église de Sainte-Sophie ; mais elle resta vide. Les porte-croix abandonnèrent le service des autels. La contagion se communiqua de la ville aux villages, et Métrophanes fit inutilement usage des foudres de l’Église contre un peuple de schismatiques. Les regards des Grecs se tournèrent vers Marc