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peau dont il redevint en effet le pasteur. Le choix du vicaire de Jésus-Christ ne dépendait plus de la nomination vénale ou arbitraire d’une cour d’Allemagne ; il était nommé librement par le collége des cardinaux, pour la plupart originaires ou habitans de Rome. [Fondée sur l’affection du peuple.]Les applaudissemens des magistrats et du peuple confirmaient son élection, et c’était en définitif du suffrage des Romains que dérivait cette puissance ecclésiastique à laquelle on obéissait en Suède et dans la Bretagne. Les mêmes suffrages donnaient à la capitale un souverain et un pontife. On croyait généralement que Constantin avait accordé aux papes la domination temporelle de Rome, et les publicistes les plus courageux, les plus audacieux sceptiques se bornaient à contester le droit de l’empereur et la validité de sa donation. L’ignorance et la tradition de quatre siècles avaient profondément enraciné dans les esprits l’opinion de la vérité du fait et de l’authenticité de la donation, et l’origine de cette fable se perdait sous des effets réels et durables. [Sur le droit.]Le nom de dominus ou de seigneur était gravé sur la monnaie de l’évêque ; son droit était reconnu par des acclamations et des sermens de fidélité ; et d’après le consentement volontaire ou forcé des empereurs d’Allemagne, il avait long-temps exercé une juridiction suprême ou subordonnée sur la ville et sur le patrimoine de saint Pierre. Le règne des papes, agréable aux préjugés des Romains, n’était pas incompatible avec leurs libertés, et des recherches plus éclairées auraient découvert une source encore