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de l’Italie ; il possédait une ville très-forte, un vaste port, et, selon toute apparence, le même prince aurait subjugué l’ancienne et la nouvelle Rome[1].

    Venise. Sagredo, en qualité de procurateur de Saint-Marc, examina toutes les dépêches et toutes les archives de cette république, et il n’est pas sans mérite ni pour le fond ni pour le style. Cependant il a trop d’aigreur contre les infidèles ; il ignore leur langue et leurs mœurs, et sa narration, qui n’offre que soixante-dix pages sur Mahomet II (p. 69-140), devient plus détaillée et plus authentique à mesure qu’il approche des années 1640 et 1644, terme de ses travaux historiques.

  1. Comme c’est ici la fin de mes travaux sur l’empire grec, je vais dire quelques mots sur la grande collection des écrivains de Byzance, dont j’ai souvent employé les noms et les témoignages dans le cours de cette histoire. Alde et les Italiens n’imprimèrent en grec que les auteurs classiques des temps plus éclairés ; et c’est aux Allemands que nous devons les premières éditions de Procope, d’Agathias, de Cedrenus, de Zonare, etc. Les volumes de la Byzantine (36 vol. in-folio) sont sortis successivement (A. D. 1648, etc.) de l’imprimerie du Louvre, avec quelques secours des imprimeries de Rome et de Leipzig. Mais l’édition de Venise (A. D. 1729), moins chère à la vérité et plus abondante, est aussi inférieure à celle de Paris en correction qu’en magnificence. Les Français qui furent chargés de l’édition n’ont pas tous le même mérite ; mais les notes historiques de Charles Dufresne Ducange donnent du prix au texte d’Anne Comnène, de Cinnamus, de Villehardouin, etc. Les autres ouvrages qu’il a publiés sur ces matières, c’est-à-dire le Glossaire grec, la Constantinopolis christiana et les Familiæ byzantinæ, répandent une vive lumière sur les ténèbres du Bas-Empire.