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à la porte du sérail, lui donner un cheval richement équipé, et commander à ses visirs et à ses pachas de le mener au palais qui lui était assigné[1]. Les églises de Constantinople furent partagées entre les deux religions ; on fixa les bornes des deux cultes, et jusqu’au moment où les priviléges de l’Église grecque furent violés par Sélim, petit-fils de Mahomet, il s’écoula soixante ans durant lesquels les Grecs[2] jouirent des avantages de cet équitable partage. Les défenseurs du christianisme, excités par les ministres du divan qui voulaient tromper le fanatisme de Sélim, osèrent soutenir que ce partage avait été un acte de justice et non pas de générosité, un traité et non pas une concession, et que si une moitié de la ville avait été prise d’assaut, l’autre moitié s’était rendue à la suite d’une capitulation sacrée ; que le feu avait consumé la chartre, mais que la déposition de trois

  1. Phranza (l. III, c. 19) décrit cette cérémonie qui s’est peut-être embellie en passant dans la bouche des Grecs et dans celle des Latins. Le fait est confirmé par Emmanuel Malaxus, qui a écrit en grec vulgaire l’Histoire des Patriarches après la prise de Constantinople, insérée dans la Turco-Græcia, de Crusius (l. V, p. 106-184). Mais les lecteurs les plus difficiles auront peine à croire que Mahomet ait adopté cette formule catholique : Sancta Trinitas quæ mihi donavit imperium te in patriarcham novæ Romæ delegit.
  2. Spondanus décrit (A. D. 1453, no 21 ; 1458, no 16), d’après la Turco-Græcia de Crusius, l’esclavage et les querelles intestines de l’Église grecque. Le patriarche qui succéda à Gennadius, se jeta de désespoir dans un puits.