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inexorable justice. La plupart de ses janissaires et de ses pachas avaient reçu le jour dans des familles chrétiennes ; mais des adoptions successives perpétuaient la gloire du nom turc, et malgré le changement des individus, l’imitation et la discipline maintiennent l’esprit d’une légion, d’un régiment ou d’une

    qu’une figure orientale, mais dans la tragédie anglaise d’Irène, la passion de Mahomet sort des bornes de la raison et même du sens commun.

    Should the fierce North, upon his frozen wings,
    Bear him aloft above the wondering clouds,
    And seat him in the Pleiads’ golden chariot —
    Thence should my fury drag him down to tortures.

    « Quand le fougueux vent du nord sur ses ailes glacées, l’emporterait au-dessus des nuages étonnés, et le déposerait dans le char doré des Pléiades, ma fureur l’en arracherait pour le livrer aux tourmens ! »

    Indépendamment de l’extravagance de ce galimatias, j’observerai, 1o. que l’action des vents ne s’exerce pas au-delà de la région inférieure de l’atmosphère ; 2o. que le nom, l’étymologie et la fable des Pléiades sont purement grecs (Scholiast. ad Homer. Σ. 686, Eudocia in Ioniâ, 339 ; Apollodore, l. III, c. 10 ; Heyne, p. 229, not. 682), et n’avaient point d’analogie avec l’astronomie de l’Orient (Hyde, Ulugbeg. Tabul. in Syntag. Dissert., t. I, p. 40-42 ; Goguet, Origine des arts, etc., t. VI, p. 73-78 ; Gebelin, Hist. du Calendrier, p. 73) que Mahomet avait étudiée ; 3o. le chariot n’existe ni dans la science de l’astronomie ni dans la fable. J’ai peur que le docteur Johnson n’ait confondu les Pléiades avec la grande ourse ou le chariot, le zodiaque avec une constellation du nord :

    Αρκτον θ’ην και αμαξαν επικλησιν καλεο‌υσι