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et adore les décrets de la Providence ; les conquérans seront, dit-il, ou absous ou condamnés, par leur conduite future, et la validité de leur traité dépend du jugement de saint Pierre ; mais Innocent leur prescrit, comme leur devoir le plus sacré, d’établir une juste subordination d’obéissance et de tribut, des Grecs aux Latins, des magistrats au clergé et du clergé au pape.

Partage de l’empire grec.

Dans le partage des provinces de l’empire[1], la part des Vénitiens se trouvait plus considérable que celle de l’empereur latin. Il n’en possédait qu’un quart ; Venise se réserva la bonne moitié du reste, et l’autre moitié fut distribuée entre les aventuriers de France et de Lombardie. Le vénérable Dandolo fut proclamé despote de la Romanie, et, selon l’usage des Grecs, chaussé des brodequins de pourpre. Il termina sa longue et glorieuse carrière à Constantinople ; et si sa prérogative ne passa point à ses successeurs, ils en conservèrent du moins le titre jusqu’au milieu du quatorzième siècle, en y joignant le titre réel, mais singulier, de seigneurs d’un quart et demi de l’Empire romain[2]. Le doge, esclave

  1. Dans le traité de partage les copistes ont défiguré presque tous les noms. On pourrait les rectifier, et une bonne carte adaptée au dernier siècle de l’empire de Byzance serait d’un grand secours à la géographie ; mais malheureusement d’Anville n’existe plus.
  2. Leur style était dominus quartæ partis et dimidiæ imperii Romani ; et ils le conservèrent jusqu’à l’année 1356, où Giovanni Dolfino fut nommé doge (Sanut, pag. 430--