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Constantin ne tarda pas à envoyer dans la Palestine, en France et à Rome, la nouvelle de cette révolution mémorable ; il fit transporter dans la Palestine, comme un trophée, les portes de Constantinople et les chaînes du port[1], et prit des assises de Jérusalem, les lois et les usages qui convenaient le mieux à une colonie française et à une conquête d’Orient, Baudouin, par ses lettres, invite tous les Français à venir augmenter cette colonie, peupler une vaste et superbe capitale, et cultiver des terres fertiles préparées à récompenser amplement les travaux du prêtre et ceux du soldat. Il félicite le pontife de Rome sur le rétablissement de son autorité dans l’Orient, l’engage à éteindre le schisme des Grecs par sa présence dans un concile général, et sollicite son indulgence et sa bénédiction pour des pèlerins qui avaient contrevenu à ses ordres[2]. Innocent répondit avec autant de dignité que de prudence ; il attribue aux vices des hommes la subversion de l’empire d’Orient,

    prérogative qu’ils s’arrogeaient, le pape la désapprouva, et des six patriarches latins de Constantinople, le premier et le dernier furent seuls Vénitiens.

  1. Nicétas, p. 383.
  2. Les lettres d’Innocent III fournissent de riches matériaux pour l’histoire des institutions civiles et ecclésiastiques de l’empire latin de Constantinople. Les plus importantes de ces lettres (dont Étienne Baluze a publié la collection en deux volumes in-folio) sont insérées dans ses Gesta, dans Muratori, Script. rerum italic., t. III, part. I, c. 94-105.