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tues de Constantinople[1]. Nous avons vu le despotisme et l’orgueil de son fondateur constamment occupés d’embellir sa cité naissante. Des dieux et des héros avaient échappé à la destruction du paganisme ; les restes d’un siècle plus florissant ornaient encore le Forum et l’Hyppodrome. Nicétas[2] en décrit plusieurs dans un style pompeux et rempli d’affectation. Je tirerai de cette description quelques détails sur les plus intéressans. 1o. Les conducteurs des chars, qui avaient remporté le prix, étaient jetés en bronze, à leurs frais, ou à ceux du public, et placés dans l’Hyppodrome. On les voyait debout sur leur char, qui semblait courir dans la lice ; et, en admirant l’attitude, les spectateurs pouvaient juger de la ressemblance. Les plus précieuses de ces statues pouvaient avoir été transportées du stade olympique. 2o. Le sphynx, le cheval marin et le crocodile, indiquent l’ouvrage et les dépouilles de l’Égypte. 3o. La

  1. Nicétas était né à Chonæ eu Phrygie (l’ancienne Colosses de saint Paul). Il s’était élevé au rang de sénateur, de juge du Voile et de grand Logothète. Après la ruine de l’empire, dont il fut témoin et victime, il se retira à Nicée, et composa une histoire complète et soignée depuis la mort d’Alexis Comnène jusqu’au règne de Henri.
  2. Un manuscrit de Nicétas (dans la Biblioth. Bodléienne) contient ce fragment curieux sur les statues de Constantinople, que la fraude ou la honte, ou plutôt la négligence a omis dans les autres éditions. Il a été publié par Fabricius (Bibl. græc., t. VI, p. 405-416), et loué excessivement par l’ingénieux M. Harris de Salisbury (Recherc. philologiques, part. III, c. 5, p. 301-312).