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Ils étaient effrayés de l’étendue et de la population de cette capitale, dont les églises et les palais, si on en eût senti la force, pouvaient leur coûter encore plus d’un mois à réduire. Mais dès le grand matin une procession de supplians, portant des croix et des images, annonça la soumission des Grecs, et implora la clémence des vainqueurs. L’usurpateur prit la fuite par la Porte d’or ; le marquis de Montferrat et le comte de Flandre occupèrent les palais de Blachernes et de Boucoléon, et les armes des pèlerins latins renversèrent un empire qui portait encore le titre de Romain et le nom de Constantin[1].

Pillage de Constantinople.

Constantinople avait été prise d’assaut, les lois de la guerre n’imposaient rien aux vainqueurs que ce que pourraient leur inspirer la religion et l’humanité. Ils reconnaissaient encore le marquis de Montferrat pour général ; et les Grecs, qui le considéraient déjà comme leur futur souverain, s’écriaient

  1. Pour le second siége et la conquête de Constantinople, voyez Villehardouin (nos 113-132), la deuxième lettre de Baudouin à Innocent III (Gesta, c. 92, p. 534-537), et le règne entier de Mourzoufle dans Nicétas (p. 363-375). Voy. aussi quelques passages de Dandolo (in Chron. Venet., p. 323-330), et Gunther (Hist. C. P., c. 14-18), qui ajoutent le merveilleux des visions et des prophéties. Le premier cite un oracle de la sibylle Erythrée, qui annonce un grand armement sur la mer Adriatique, sous la conduite d’un général aveugle, et destiné contre Byzance, etc. ; prédiction fort surprenante, si elle n’était pas postérieure à l’événement.