Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Matthieu de Montmorenci, notre historien le maréchal de Champagne, et deux Vénitiens, pour féliciter l’empereur. Les portes de la ville s’ouvrirent à leur approche ; une double file des gardes anglaises et danoises, la hache de bataille à la main, garnissait les deux côtés des rues ; les yeux étaient éblouis dans la chambre du trône, de l’éclat de l’or et des diamans, substituts trompeurs de la puissance et de la vertu. L’épouse d’Isaac, fille du roi de Hongrie, siégeait à côté de son mari, et son retour avait attiré toutes les nobles matrones de la Grèce, qui se trouvaient confondues avec un cercle de sénateurs et de soldats. Les Français, par l’organe du maréchal, parlèrent en hommes qui sentaient ce qu’on devait à leurs services, mais qui respectaient l’œuvre de leurs mains ; et Isaac comprit clairement qu’il fallait remplir, sans hésiter et sans délai, les engagemens qu’avait pris son fils avec Venise et avec les pèlerins. Après avoir fait passer les quatre ambassadeurs dans une chambre intérieure où il se rendit accompagné de l’impératrice, d’un chambellan et d’un interprète, le père du jeune Alexis demanda avec inquiétude en quoi consistaient les conventions de son fils. Le maréchal de Champagne lui ayant déclaré qu’il devait faire cesser le schisme en se soumettant, lui et ses peuples, à la suprématie du pape, contribuer par un secours à la délivrance de la Terre-Sainte, et payer comptant une contribution de deux cent mille marcs d’argent : « Ces engagemens sont pesans, répondit prudemment le monarque ; ils sont durs à accepter