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deux cent cinquante machines élevées contre le rempart travaillèrent continuellement à en chasser les défenseurs, à battre les murs et à saper les fondemens. À la première apparence d’une brèche, les Français plantèrent leurs échelles ; mais le nombre et l’avantage du terrain l’emportèrent sur l’audace. Les Latins furent repoussés ; mais les Grecs ne purent refuser leur admiration à l’intrépidité de quinze chevaliers ou sergens, qui, montés sur la muraille, se maintinrent dans ce poste périlleux jusqu’au moment où ils furent précipités ou faits prisonniers par les gardes impériales. Du côté du port, les Vénitiens conduisirent plus heureusement leur attaque. Ces marins industrieux employèrent toutes les ressources connues avant l’invention de la poudre. Les galères et les vaisseaux formèrent une double ligne dont le front s’étendait environ à trois jets de trait. Les galères étaient soutenues dans leurs évolutions rapides par la force et la pesanteur des vaisseaux, dont les ponts, les poupes et les tours, servaient de plateforme à des machines qui lançaient des pierres par-dessus la première ligne. Les soldats qui sautaient des galères sur le rivage, plantaient aussitôt leurs échelles et les montaient, tandis que les gros vaisseaux s’avançaient plus lentement dans les intervalles, et baissant un pont-levis, offraient aux soldats un chemin dans les airs de leur mât sur le rempart. Dans le fort du combat, le doge vénérable et majestueux se tenait, armé de toutes pièces, debout sur le pont de sa galère ; le grand étendard de saint Marc flottait