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par son frère Henri, par les comtes de Saint-Pol et de Blois, et par Matthieu de Montmorenci ; c’était sous les ordres de ce dernier que marchaient volontairement le maréchal et les nobles de la Champagne. Le marquis de Montferrat, à la tête des Allemands et des Lombards, conduisait la sixième division, l’arrière-garde et la réserve de l’armée. Les chevaux de bataille, sellés et couverts de leurs longs caparaçons pendans jusqu’à terre, furent embarqués sur les palandres[1]. Les chevaliers se tenaient debout auprès de leurs chevaux, le casque en tête, la lance à la main et complètement armés. Les sergens et les archers passèrent sur les bâtimens de transport, et chacun de ces bâtimens fut toué par une galère forte et rapide. Les six divisions traversèrent le Bosphore sans rencontrer ni ennemis ni obstacle. Le vœu de chaque corps et de chaque soldat était de débarquer le premier, sa résolution, de vaincre ou de mourir. Les chevaliers, jaloux du droit d’affronter les plus grands dangers, sautèrent tout armés dans la mer, et gagnèrent le rivage ayant de l’eau jusqu’à la cein-

  1. D’après la traduction de Vigenère, j’adopte le nom sonore de palandre, dont on se sert, je crois, encore dans les parages de la Méditerranée. Cependant, si j’écrivais en français, j’emploierais le mot primitif et expressif de vessiers ou huissiers, tiré de huis, vieux mot qui signifiait une porte que l’on baissait comme un pont-levis, mais qui à la mer se relevait en dedans du bâtiment (Voyez Ducange ou Villehardouin, no 14 ; et Joinville, p. 27, 28, édit. du Louvre).