Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vestiges dans un coin de l’Italie, comme langue vulgaire, ou du moins comme langue ecclésiastique[1]. L’ancienne influence des colonies doriennes et ioniennes n’était pas totalement détruite : les églises de la Calabre avaient été long-temps attachées au trône de Constantinople, et les moines de Saint-Basile faisaient encore leurs études au mont Athos et dans les écoles de l’Orient. [Leçons de Barlaam. A. D. 1339.]Le moine Barlaam, qu’on a déjà vu paraître comme sectaire et comme ambassadeur, était Calabrois de naissance, et ce fut lui qui ressuscita le premier au-delà des Alpes la mémoire ou les écrits d’Homère[2]. Pétrarque et Boccace[3] le représentent comme un homme de petite taille, très-étonnant par son génie et son érudition, qui avait un discernement juste et rapide, mais une élocution lente et difficile. Ils attestent que dans le cours de plusieurs siècles, la Grèce n’avait point produit son égal pour la connaissance de l’histoire, de la grammaire et de la philosophie. Les princes et les

  1. In Calabria quæ olim magna Græcia dicebatur, coloniis græcis repleta, remansit quædam linguæ veteris cognitio (Docteur Hody, p. 2). Si les Romains la firent disparaître, elle fut restaurée par les moines de saint-Basile, qui possédaient sept couvens dans la seule ville de Rossano. (Giannone, Istoria di Napoli, t. I, p. 520.)
  2. Ii Barbari, dit Pétrarque en parlant des Allemands et des Français, vix, non dicam libros sed nomen Homeri audierunt. Peut-être le treizième siècle était-il, à cet égard, moins heureux que celui de Charlemagne.
  3. Voy. le caractère de Barlaam dans Boccace (De geneal. deorum, l. XV, c. 6).