Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Alliance des croisés avec le jeune Alexis.

La réunion d’une flotte et d’une armée si puissante avait ranimé l’espoir du jeune Alexis[1]. À Venise et à Zara, il pressa vivement les croisés à entreprendre son rétablissement et la délivrance de son père[2]. La recommandation de Philippe, roi d’Allemagne, la présence et les prières du jeune Grec, excitèrent la compassion des pèlerins : le marquis de Montferrat et le doge de Venise embrassèrent et plaidèrent sa cause. Une double alliance et la dignité de César avait lié les deux frères aînés de Boniface[3] avec la famille impériale. Il espérait que l’importance de ce service lui vaudrait l’acquisition d’un royaume, et l’ambition plus généreuse de Dandolo lui donnait un ardent

  1. Un lecteur moderne est surpris d’entendre nommer le jeune Alexis le valet de Constantinople, à raison de son âge, comme on dit les infants d’Espagne et le nobilissimus puer des Romains : les pages ou valets des chevaliers étaient aussi nobles que leurs maîtres (Villehardouin et Duc., no 36).
  2. Villehardouin (no 38) nomme l’empereur Isaac sursac, mot dérivé probablement du mot français sire ou du grec Κυρ (κυριος), avec la terminaison du nom propre ; les noms corrompus de Tursac et de Conserac, que nous trouverons par la suite, nous donneront une idée de la licence que prenaient à cet égard les anciennes dynasties d’Assyrie et d’Égypte.
  3. Reinier et Conrad : l’un épousa Marie, fille de l’empereur Manuel Comnène ; l’autre était marié à Théodora Angela, sœur des empereurs Isaac et Alexis. Conrad abandonna la cour de Byzance et la princesse pour aller défendre la ville de Tyr contre Saladin (Ducange, Fam. Byzant., p. 187-203).