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romain. À l’ouverture du synode, les chefs ecclésiastiques et temporels se disputèrent le centre ou la place d’honneur ; et Eugène n’éluda l’ancien cérémonial de Constantin et de Marcien, qu’en alléguant que ses prédécesseurs ne s’étaient trouvés en personne ni à Nicée ni à Chalcédoine. Après de longs débats, on convint que les deux nations occuperaient, à droite et à gauche, les deux côtés de l’église ; que la chaire de saint Pierre serait élevée à la première place devant le rang des Latins, et que le trône de l’empereur grec, à la tête de son clergé, serait à la même hauteur, en face de la seconde place ou du siége vacant de l’empereur d’Occident[1].

Concile des Grecs et des Latins, le 8 oct. A. D. 1438, et à Florence le 6 juillet, A. D. 1439.

Mais dès que les réjouissances et les formalités firent place à des discussions sérieuses, les Grecs, mécontens du pape et d’eux-mêmes, se repentirent de leur imprudent voyage. Les émissaires d’Eugène l’avaient représenté à Constantinople comme au faîte de la prospérité, à la tête des princes et des prélats européens, prêts à sa voix à croire et à prendre

  1. Le peuple des villes latines rit beaucoup des vêtemens des Grecs, de leurs longues robes, de leurs manches et de leur barbe. L’empereur n’était distingué que par la couleur pourpre et par son diadème ou tiare, dont la pointe était ornée d’un magnifique diamant (Hody, De Græcis illustribus, p. 31) ; un autre spectateur convient cependant que la mode grecque était più grave e più degna que l’italienne (Vespasiano, in vit. Eugen. IV, Muratori, t. XXV, p. 261).