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du doge levèrent cet obstacle. Il proposa aux barons de se joindre à ses compatriotes pour réduire quelques villes révoltées de la Dalmatie, et promit, à cette condition, d’aller combattre en personne dans la Palestine, et d’obtenir en outre de la république qu’elle attendit, pour le surplus de leur dette, que quelque riche conquête les mît en état d’y satisfaire. Après beaucoup de scrupules et d’hésitation, ils acceptèrent cette offre plutôt que de renoncer à leur entreprise ; [Siége de Zara. Nov. 10.]et les premières hostilités de la flotte et de l’armée furent dirigés contre Zara[1], ville forte, sur la côte de la Sclavonie, qui avait abandonné les Vénitiens et s’était mise sous la protection du roi de Hongrie[2]. Les croisés rompirent la chaîne ou barre qui défendait le port, débarquèrent leurs che-

  1. Jadera, aujourd’hui Zara, était une colonie romaine qui reconnaissait Auguste pour son fondateur. Elle a environ, dans l’état présent, deux milles de tour, et contient cinq à six mille habitans ; mais elle est très-bien fortifiée, et tient à la terre ferme par un pont. Voy. les Voyages de Spon et de Wheeler, Voyages de Dalmatie, de Grèce, etc., t. I, p. 64-70 ; Voyage en Grèce, p. 8-14. Ce dernier, confondant Sestertia et Sestertii, évalue un arc de triomphe décoré de colonnes et de statues, à douze livres st. Si de son temps il n’y avait point d’arbres dans les environs de Zara, c’est qu’on n’y avait pas encore planté apparemment les cerisiers qui nous fournissent de si excellent marasquin.
  2. Katona (Hist. crit. reg. Hungar. Stirpis Arpad., t. IV, p. 536-558) rassemble les faits et les témoignages les plus défavorables aux conquérans de Zara.