Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/418

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’est par ses prières, influer sur la conduite de son pupille et les destinées de l’empire[1].

Traité de Jean Paléologue Ier avec Innocent VI. A. D. 1355.

Cependant, de tous les princes de Byzance, aucun ne fut si bien disposé que le pupille Jean Paléologue à rentrer sous l’obéissance du pontife romain. Sa mère, Anne de Savoie, avait été baptisée dans le giron de l’Église latine ; son mariage avec Andronic l’avait forcée à changer de nom, d’habillemens et de culte ; mais son cœur était demeuré fidèle à son pays et à sa religion. Elle avait conduit elle-même l’éducation de son fils, et l’empereur devenu homme, du moins par sa taille si ce n’est par son esprit, ne cessa point de se laisser gouverner par elle. Lorsque la retraite de Cantacuzène le laissa seul maître de la monarchie grecque, les Turcs commandaient sur l’Hellespont. Le fils de Cantacuzène assemblait des rebelles à Andrinople, et Paléologue ne pouvait se fier ni à son peuple ni à lui-même. Par le conseil de sa mère et dans l’espérance d’un secours étranger, il sacrifia les droits de l’Église et de l’état, et cet acte d’esclavage[2] signé d’encre pourpre et scellé d’une bulle d’or, fut secrètement porté au pape par

  1. Voy. toute cette négociation dans Cantacuzène (l. IV, c. 9), qui, à travers les louanges qu’il prodigue à sa propre vertu, trahit l’inquiétude d’une conscience coupable.
  2. Voyez ce traité ignominieux dans Fleury (Histoire ecclés., p. 151-154), d’après Raynald, qui l’avait probablement tiré des archives du Vatican. Il ne vaut pas la peine d’avoir été contrefait.