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crifia au danger du moment sa foi, ses vertus, et l’affection de ses sujets. Après la mort de Michel, le prince et le peuple soutinrent l’indépendance de leur Église et la pureté de leur symbole. Andronic l’ancien ne craignait ni n’aimait les Latins : dans ses derniers malheurs, l’orgueil servit de rempart à sa superstition ; il ne put décemment rétracter à la fin de sa vie les opinions qu’il avait soutenues avec fermeté dans sa jeunesse. Andronic, son petit-fils, asservi par son caractère et par sa situation, lorsqu’il vit les Turcs envahir la Bithynie, sollicita une alliance spirituelle et temporelle avec les princes de l’Occident. Après cinquante ans de séparation et de silence, le moine Barlaam fut député secrètement vers le pape Benoît XII ; et il paraît que ses insidieuses instructions avaient été tracées par la main habile du grand domestique[1]. « Très-saint père, dit le moine, l’empereur ne désire pas moins que vous la réunion des deux Églises ; mais dans une entreprise si délicate, il se trouve forcé de respecter sa propre dignité et les préjugés de ses sujets. Les moyens sont de deux sortes, la force ou la persuasion. L’insuffisance du premier est déjà démontrée par l’expérience, puis-

  1. Cette curieuse instruction a été tirée, je crois, des archives du Vatican, par Odoric Raynald, et insérée dans sa continuation des annales de Baronius (Rome, 1646-1677, en dix volumes in-folio). Je me suis contenté de l’abbé Fleury (Hist. ecclés., t. XX, p. 1-8), dont j’ai toujours trouvé les extraits clairs, exacts et exempts de toute partialité.