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sortir d’esclavage, Mustapha consentit à toutes les propositions ; et la reddition des clefs de Gallipoli, c’est-à-dire de l’Europe, fut le prix que l’on mit à sa délivrance ; mais dès qu’il fut assis sur le trône de la Romanie, il renvoya les ambassadeurs grecs avec le sourire du mépris, et leur déclara pieusement qu’au jour du jugement il aimait mieux avoir à rendre compte d’un faux serment, que de la cession d’une ville musulmane entre les mains des infidèles. Manuel devint l’ennemi des deux rivaux, dont l’un lui avait fait une injure, et l’autre en avait reçu une de lui : et Amurath victorieux entreprit dans le printemps suivant le siége de Constantinople[1].

Siége de Constantinople par Amurath II. A. D. 1422, 10 juin, 24 août.

Le religieux dessein de soumettre la ville des Césars attira de l’Asie une foule de volontaires qui aspiraient à la couronne du martyre. La perspective de riches dépouilles et de belles esclaves enflammait leur ardeur militaire, et l’empereur vit les projets de son ambition consacrés par les prédictions et la présence de Séid Béchar, descendant du prophète[2], qui

    -quatrième partie d’un ducat ou sequin de Venise, et les trois cent mille aspres, soit qu’on les regarde comme une pension ou comme un tribut, équivalent à peu près à deux mille cinq cents livres sterling (Leunclavius, Pandect. turc., p. 406-408).

  1. Pour le siége de Constantinople en 1422, voyez la Relation détaillée et contemporaine de Jean Cananus, publiée par Léon Allatius à la fin de son édition d’Acropolita (p. 188-199).
  2. Cantemir, p. 80. Cananus, qui désigne Séid Bechar