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Son frère Mousa le surprit à Andrinople, endormi et chargé de vin, l’atteignit dans sa fuite vers Byzance, et le fit périr dans un bain après un règne de sept ans et dix mois. [4o. Mousa. A. D. 1410.]4o. Mais Mousa s’était dégradé en acceptant l’investiture des Mongouls ; esclave et tributaire, il ne possédait qu’une faible partie de l’Anatolie ; des milices timides et un trésor épuisé ne suffisaient pas pour repousser les vieilles bandes du souverain de la Romanie. Mousa, déguisé, abandonna le palais de Bursa, traversa la Propontide dans un bateau découvert, parcourut les montagnes de Servie et de Valachie, et parvint, après quelques efforts, à monter sur le trône d’Andrinople, récemment souillé du sang de son frère Soliman. Durant un règne de trois ans et demi, il remporta quelques victoires sur les chrétiens de la Hongrie et de la Morée ; mais il se perdit par sa timidité et sa clémence déplacée. Après avoir renoncé à la souveraineté de l’Anatolie, Mousa fut la victime de ses ministres perfides et de l’ascendant de son frère Mahomet. [5o. Mahomet. 1413-1421.]5o. La victoire définitive que remporta celui-ci fut la récompense de sa prudence et de sa modération. Avant sa captivité, Bajazet avait confié à son fils Mahomet le gouvernement d’Amasie, la barrière des Turcs contre les chrétiens de Trébisonde et de Géorgie, et éloignée d’environ trente journées de Constantinople. La ville, séparée en deux parties égales par la rivière d’Iris, s’élève des deux côtés en amphithéâtre[1], et donne

  1. Arabshah, loc. cit. ; Abulféda, Géo. Tab. XVII,