Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/384

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Caractère et mérite de Timour.

L’Orient et l’Occident ont retenti du nom de Timour. Ses descendans ont encore le titre d’empereurs ; et l’admiration de ses sujets, qui le révéraient presque comme une divinité, est justifiée en quelque façon par les louanges ou l’aveu de ses ennemis les plus acharnés[1]. Quoique impotent d’une jambe et d’un bras, sa taille et son maintien n’avaient rien d’ignoble ; la sobriété et l’exercice maintenaient la vigueur de sa santé, si nécessaire à lui-même et au monde ; grave et réservé dans ses conversations familières, il ignorait l’idiome des Arabes, mais parlait avec autant de facilité que d’élégance la langue des Turcs et celle des Persans ; il se plaisait à s’entretenir avec des hommes instruits sur des sujets de science ou d’histoire, et s’amusait dans ses heures de loisir au jeu d’échecs, qu’il perfectionna ou défigura en multipliant le nombre des pièces et des combinaisons[2]. Il était musulman zélé, quoique peut-être

    bassade dans la quatrième partie des Relations de Thévenot. Ils présentèrent à l’empereur de la Chine un vieux cheval que Timour avait monté. Ils partirent de la cour de Hérat en 1419, et y revinrent de Pékin en 1422.

  1. Tiré d’Arabshah, t. II, c. 96. Les couleurs plus brillantes ou plus douces sont extraites de Sherefeddin, de d’Herbelot et des Institutions.
  2. il porta son nouveau jeu ou système de trente-deux pièces et soixante-quatre cases, à cinquante-six pièces et cent dix ou cent trente cases ; mais, excepté à sa cour, l’ancien jeu a paru suffisamment compliqué. L’empereur mongoul était plutôt satisfait que blessé de perdre contre